Épisode 3/6 : Une médiation, c’est combien de personnes ?
Vous vous demandez peut-être combien de personnes sont généralement impliquées dans une médiation ? C’est une question que l’on nous pose souvent et la réponse est : cela dépend ! 😉
D’une façon générale, une médiation implique les mêmes acteurs clés, mais leur nombre en présence varie en fonction des situations spécifiques.
Premiers acteurs clés, les personnes concernées par la situation de tension ou de conflit :
Il peut s’agir de deux personnes qui ont un différend ou bien de plusieurs personnes (un service ou une équipe par exemple).
- Dans le premier cas, l’on parlera de #médiation interpersonnelle, le processus impliquera directement trois personnes en comptant le médiateur ou la médiatrice.
- Dans le second cas, au-delà de deux personnes concernées par le conflit ou la situation de tension, il s’agira d’une #médiation collective. Le nombre de personnes concernées sera apprécié par le médiateur ou la médiatrice lors de la phase d’entretiens individuels préalable. Cela s’appelle « définir le périmètre de la médiation ». Mais, le processus s’adaptant au fil de la médiation, ce nombre peut varier en cours de démarche. Le médiateur peut proposer d’élargir le cercle des participants s’il le juge utile, comme les personnes concernées peuvent décider ensemble de proposer à d’autres personnes de participer. Il s’agira, en ce cas, que les personnes s’inscrivent volontairement dans la démarche et, pour le médiateur ou la médiatrice, de s’assurer que les conditions sont toujours réunies pour que la médiation se poursuive avec eux.
Exemple d’une médiation dans une entreprise industrielle :
La demande de médiation porte sur une équipe d’une quinzaine de personnes. La directrice générale et la responsable RH décrivent des tensions relationnelles au sein de l’équipe, marquées par une rupture de la communication entre les deux pôles de l’équipe et des accrochages entre collègues, avec des incidences sur la bonne réalisation du travail individuel et collectif. Lors des entretiens individuels, il apparaît que la situation de tension concerne directement une collaboratrice et sa responsable hiérarchique d’une part, deux collaboratrices d’autre part. La médiatrice décide alors de proposer, non pas une médiation collective mais deux médiations interpersonnelles. À l’issue des deux processus de médiation, les participantes décident de faire un retour à leurs collègues, en présence de la médiatrice, pour partager ce qu’elles ont compris et ce sur quoi elles se sont mises d’accord.
Qui participe aux plénières ?
Il n’est pas toujours nécessaire que toutes les personnes concernées par la situation de conflit participent aux séances plénières. La participation à une médiation s’appuie sur le volontariat. Certaines personnes, bien que concernées peuvent décider, pour des raisons qui leur appartiennent, de ne pas s’y engager, en ayant par ailleurs la possibilité de se dire que si une autre personne est présente, c’est un peu comme si elles y étaient elles-mêmes. Quel que soit le nombre de personnes concernées par la situation de conflit, le nombre de personnes participants aux échanges en plénière est, en général limité à 12, toujours sur la base d’une libre participation.
Exemple d’une médiation au sein d’un collectif d’une structure culturelle constitué de 60 personnes : La direction nous fait part d’un conflit fort au sein du collectif de travail constitué d’une soixantaine d’artistes. À l’issue des entretiens individuels, nous identifions qu’une zone de tension spécifique concerne deux artistes. Nous proposons donc une médiation interpersonnelle. Il apparaît également, concernant le collectif, des tensions entre artistes qui proviennent d’incompréhensions, de malentendus et de désaccords avec les équipes administratives et techniques. C’est ce que nous appelons un phénomène de poupées russes. La médiation a alors porté sur plusieurs espaces et en plusieurs étapes : un espace interpersonnel d’une part, un espace collectif d’autre part. Dans cette dernière configuration, le nombre de participants a été limité à 12 : les médiatrices ont demandé aux personnes d’établir une liste permettant d’assurer la représentation des différents métiers, anciennetés et sensibilités relatives au conflit. A l’issue de chaque rencontre à 14 (12 + 2 médiatrices 😉), les personnes ont rédigé un compte-rendu afin de faire savoir aux absents où ils en étaient arrivés et quelle était l’étape suivante.
Et les médiateurs, combien sont-ils ?
- Dans une médiation interpersonnelle, le médiateur ou la médiatrice intervient souvent seul.
- Dans le cadre d’une médiation collective, la présence de deux médiateurs ou médiatrices sera nécessaire, afin de permettre une attention partagée au déroulement du processus, mais également à ce qui se joue pour chaque personne dans cet espace délicat qui fait appel à l’expression des ressentis et des émotions.
Et c’est tout ? Concernant le processus lui-même, une fois mis en route, oui. Mais il ne faut pas oublier les acteurs indirects : - Le ou les mandants : ce n’est pas toujours le ou la responsable hiérarchique direct car il peut être directement concerné par la situation de conflit. Il est important que le mandant, ou prescripteur de la démarche, puisse en être suffisamment éloigné. C’est souvent une personne avec une fonction de direction opérationnelle ou une responsabilité dans les ressources humaines. Cela peut également être quelqu’un avec une fonction de prévention des risques au sein de l’entreprise.
- Les représentants syndicaux ou du personnel, qui ont un rôle de soutien pour les personnes qui rencontrent des difficultés.
Afin de permettre à ces acteurs indirects de trouver leur juste place, des espaces d’échange avec les médiatrices sont mis en œuvre en amont du processus de médiation.
En conclusion, le nombre de personnes n’est jamais certain en démarrage de médiation, quand bien même le mandant a identifié un premier périmètre. C’est le rôle des médiateurs, en s’appuyant sur les besoins des personnes directement concernées, mais aussi sur les contraintes de l’organisation, de définir quel va être le périmètre réel de la démarche puis de le mettre en œuvre de façon méthodique.
Et si l’on poursuit le questionnement en termes de chiffres : une médiation, c’est combien de séances ? combien de temps ça prend ?…) Eh bien, la réponse est la même : ça dépend ! 😉. Mais la question est pertinente et nous y répondrons dans notre prochaine saison ; Restez connectés !
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