Épisode 4/6 : Qui peut être médiateur ?
Les pratiques de conciliation et de médiation existent depuis la nuit des temps, depuis que des hommes et des femmes font appel à un tiers afin de les aider à tenter de trouver une issue qu’ils ne parviennent pas à trouver seuls. Ce rôle de tiers a évolué avec les époques, les situations, les cultures, jusqu’au 21ème siècle pour devenir un métier à part entière.
La professionnalisation de l’activité de médiateur s’est amorcée au début des années 2000 avec le diplôme d’état de médiateur familial qui existe en France depuis 2003. Elle s’est développée et structurée dans le monde économique en lien avec la directive européenne de 2008 incitant au règlement amiable des litiges. Dans le monde du travail, elle prend notamment sa place comme un outil mobilisable permettant à l’employeur de répondre à son obligation de mettre en œuvre des mesures appropriées de gestion et de prévention des situations génératrices de stress et mettant en danger la santé des salariés. Désaccords, tensions, dégradation des relations de travail, conflits, générateurs de stress au travail, doivent donc faire l’objet de mesures appropriées pour leur régulation.
L’accord national interprofessionnel sur le stress au travail du 2 juillet 2008
L’accord national interprofessionnel sur le harcèlement et la violence au travail du 26 mars 2010 et étendu par un arrêté du 23 juillet 2010
Une prestation encore peu connue
Pourtant, au sein des entreprises, cette pratique n’est pas encore aussi connue que le coaching auquel il est fréquent de recourir lorsqu’une situation de tension se présente (cf. épisode 1/6). Par ailleurs, de nombreux acteurs de l’accompagnement proposent des prestations visant à la « gestion des conflits » ou à « faire médiation ». Un intervenant extérieur, coach, formateur, consultant, qui intervient dans la gestion des conflits peut en effet, par des approches diverses, permettre l’amélioration voire la résolution de situations de tensions, en favorisant des approches telles que la négociation, la conciliation ou l’arbitrage par exemple. (Nous reviendrons dans un prochain article sur la différence entre les différents modes de résolution des conflits.)
Mais la médiation, en tant qu’intervention visant au rétablissement du dialogue, à la conception de solutions créatives en collaboration et à la réparation des relations professionnelles, répond à un processus structuré qui doit être mené par un professionnel de ce métier spécifique.
Le médiateur ou la médiatrice, un professionnel à part entière
La définition de la médiation comme une profession à part entière prend forme depuis une dizaine d’années, au travers notamment des travaux menés par des associations telles que l’ANM (Association Nationale des Médiateurs) et Médiation 21. Leur travail permet de préciser quelles sont les conditions pour être médiateur, en particulier médiateur au service des relations au travail, en dehors d’un cadre judiciaire.
Les cadres d’intervention des médiateurs et médiatrices
La médiation est une démarche utilisée dans de très nombreux domaines : familial, commercial, social, administratif, environnemental… comme dans le cadre des relations au travail. La lecture de nos précédents articles vous éclairera sur des circonstances ou des situations dans lesquelles une médiation peut être mise en œuvre dans le cadre professionnel.
Une médiation peut être :
• conventionnelle, c’est-à-dire librement décidée par les protagonistes,
• judiciaire quand l’initiative de sa mise en place revient aux magistrats dans le cadre d’une procédure judiciaire. Dans ce dernier cas, le médiateur est nommé par la juridiction.
Dans le cas de médiations conventionnelles à l’initiative d’un employeur, la recherche d’un médiateur ou d’une médiatrice revient souvent au prescripteur de la démarche en interne (dirigeant, DRH, parfois en accord avec les représentants du personnel).
Médiation conventionnelle : comment choisir son médiateur ?
Le réflexe est souvent d’aller regarder le profil de la personne dont vous avez entendu parler ou que l’on vous a recommandé. Les formations à la médiation étant très diverses, voici quelques éléments à avoir en tête, fondés sur les règles communément acquises par les organisations qui regroupent des médiateurs et mises en forme dans divers documents officiels : Directive européenne du 21 mai 2013 (RELC) / Livre Blanc de la médiation (Médiation 21).
Pour pouvoir être reconnu comme médiateur sont requis :
• Un minimum de 200 heures de formation (initiale et complémentaire)
Sur les domaines de compétences suivants : philosophie et culture de la médiation ; création d’un espace tiers ; posture du médiateur ; compréhension des conflits interpersonnels et de la communication humaine ; inscription des personnes dans un processus de changement ; éthique et déontologie de la médiation ; contexte légal des Modes Alternatifs de Résolution des Différends et droit de la médiation ; mises en situation et pratique de la médiation
• Une obligation de formation continue en lien avec la médiation : 30 heures par an, dont 20 heures de participation à des groupes d’analyse de pratiques.
• L’adhésion au code de déontologie qui précise les règles de confidentialité, d’indépendance, de neutralité et d’impartialité qui s’appliquent au médiateur
En résumé, dans le cadre des relations au travail, en cas de conflits, mettre en place une médiation peut être une approche adaptée, en particulier lorsque la communication entre les protagonistes du conflit est difficile ou rompue. Si vous souhaitez faire appel à un médiateur ou une médiatrice pour accompagner la résolution de tensions au sein de vos équipes ou avec vos collègues, prenez le temps de questionner : le nombre d’heures de formation initiale en médiation, le nombre d’heures de formation suivies chaque année et la participation à des groupes d’analyse de pratiques.
Plusieurs annuaires donnent accès au profil de médiateurs et médiatrices qui respectent ces règles de professionnalité :
https://anm-mediation.com/page-mediateurs.php
https://m21.zeklubb.com/page-mediateurs.php
https://www.mediateurs.fr/trouver-un-m%C3%A9diateur
Les médiatrices d’Adestan&Kaetera vous répondent en toutes circonstances : contact@AetK.fr – 09 72 21 94 57
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